Appareils auditifs : les clés pour bien s’y adapter

Porter des appareils auditifs est important

Selon l’Ordre des orthophonistes et audiologistes du Québec, seuls 20 % des adultes atteints d’une perte auditive utilisent des appareils auditifs. Pourtant, les personnes qui ont du mal à entendre ne devraient pas hésiter à consulter. Car, si elles ne le font pas, leur déficience auditive pourrait avoir d’importantes répercussions sur leur vie. 

La perte auditive augmente le risque d’isolement social et peut accélérer le déclin cognitif. Chez les personnes âgées, elle est aussi associée à une augmentation du risque de chutes, de déclin fonctionnel et d’invalidité. De plus, elle peut affecter la sécurité des personnes vivant seules. Corriger sa surdité à l’aide d’appareils auditifs permet de réduire ces risques. Cela aide aussi à garder son cerveau actif et à demeurer alerte. Bref, cela permet de mieux vieillir. 

Les personnes qui souffrent de surdité aux deux oreilles ont généralement avantage à se procurer deux prothèses auditives, soit une pour chaque oreille – c’est ce que l’on appelle l’appareillage bilatéral. Selon plusieurs études, porter deux appareils plutôt qu’un permettrait de percevoir un son plus naturel, de localiser plus facilement sa provenance et de comprendre plus aisément la parole.

L’adaptation aux appareils auditifs : un pas à la fois

Vous craignez que de s’adapter à des appareils auditifs soit difficile et que les résultats risquent d’être décevants ? Et vous vous demandez à quoi vous devriez vous attendre ? Selon Isabelle Sicard, audiologiste, le son des appareils auditifs est différent de celui que l’on entend avec ses oreilles lorsque l’on n’a pas de problème d’audition. « Il peut sembler moins naturel », explique-t-elle. Parce que, si les appareils auditifs permettent de mieux entendre, ils ne restaurent pas l’audition d’antan. Même avec des appareils auditifs, il peut donc être difficile de bien distinguer certains mots ou certains bruits, surtout lorsque la surdité est avancée.

Autre considération : le son de certains bruits paraît plus fort qu’avant. Par exemple, durant la période d’adaptation, des patients s’étonnent de s’entendre marcher, d’autres trouvent que la chasse d’eau fait un bruit épouvantable. « Avec l’âge, la surdité s’installe très progressivement, explique Mme Sicard. Alors, en entendant à nouveau des sons qu’ils ont oubliés, ils sont surpris. C’est comme s’ils passaient d’une pièce sombre à une pièce très éclairée et que leurs yeux devaient s’habituer. »

Heureusement, l’inconfort ressenti au cours des premiers jours disparaîtra avec le temps. Selon Isabelle Sicard, les personnes qui bénéficient d’un suivi régulier avec un audiologiste réussissent généralement mieux leur adaptation. « Ce soutien professionnel a pour but d’éviter le plus possible l’abandon des prothèses auditives », souligne-t-elle. N’hésitez pas à demander de l’aide si votre adaptation est difficile.

Particularité selon l’âge

Les personnes âgées qui entendent moins bien qu’avant souffrent généralement de presbyacousie (soit la perte d’audition liée à l’âge). Ce type de perte d’audition débute généralement autour de 50 ans, mais cela peut varier considérablement d’une personne à l’autre. La plupart du temps, c’est au début de la soixantaine que l’on se rend compte qu’il y a un problème.

Pour faciliter votre adaptation à des prothèses auditives :

• Consultez dès les premiers signes d’une difficulté auditive. Plus vous attendrez, plus votre surdité sera avancée et plus elle sera difficile à corriger, ce qui rendra votre adaptation ardue.

• Portez vos appareils le plus longtemps possible, tout en respectant vos limites. Durant les premiers jours, vous pouvez porter vos appareils seulement une heure ou deux à la fois. L’important est de persévérer, et de les porter chaque jour de plus en plus longtemps jusqu’à pouvoir le faire toute la journée.       

• Adoptez des comportements qui facilitent l’apprentissage. Commencez par porter vos appareils dans des endroits où il n’y a pas trop de bruit, comme à la maison, chez un proche ou pour écouter les nouvelles. Ce sont des situations d’écoute relativement faciles. Puis, lorsque vous commencez à être à l’aise, portez-les en présence d’un groupe de personnes, pour écouter un film, à l’extérieur ou dans des lieux publics – à cause des bruits de fond et des nombreuses voix qui peuvent s’entremêler, ces situations d’écoute sont difficiles et demandent davantage d’efforts. 

• N’hésitez pas à demander des aménagements. On vous propose un repas au restaurant ? Suggérez qu’il ait lieu à un moment ou à un endroit peu achalandé. Ou encore, demandez à être assis loin de la porte ou des cuisines (ce sont des endroits bruyants) ou sur une banquette (le bruit y est souvent moindre). Ce faisant, expliquez simplement que vous entendez mieux là où il y a moins de bruit. 

• Donnez-vous du temps. Les résultats obtenus ne sont pas à la hauteur de vos attentes ? Ne vous découragez pas. Il est possible que vous ayez besoin de plusieurs semaines avant de vous sentir vraiment confortable avec vos appareils auditifs. 

• Demandez de l’aide au besoin. Même si vous portez vos appareils depuis plus d’un mois, tout en suivant les conseils de votre audioprothésiste et de votre audiologiste, mais vous ne parvenez pas à vous adapter ? Faites-leur savoir. Personne ne devrait utiliser des appareils auditifs inconfortables ou inefficaces.

Quand et qui consulter

Vous croyez avoir des problèmes d’audition ? Consultez un audiologiste. Ce professionnel évaluera votre capacité à entendre, puis s’informera de vos besoins en matière de communication. Cela lui permettra de déterminer la solution la mieux adaptée à votre condition. Si cela s’avère nécessaire, il vous recommandera des appareils qui conviennent à votre situation. Il pourra vous orienter de manière à obtenir un meilleur réglage de vos appareils et accéder à des programmes qui vous conviennent. 

L’audiologiste peut travailler tant en prévention, en évaluation, qu’en réadaptation auditive. Dans le système public, les démarches permettant d’avoir accès à ce professionnel varient selon la région. Parfois, une référence médicale est exigée. Pour connaître la procédure qui a cours chez vous, renseignez-vous auprès de votre CISSS ou de votre CIUSSS, ou, encore, consultez votre médecin de famille.

Par la suite, vous aurez à consulter un audioprothésiste. Ce professionnel vend, pose et ajuste les appareils auditifs. Il en assure également le suivi technique. C’est donc lui qui vous procurera les appareils proposés par l’audiologiste et qui les remplacera, au besoin. 

Notons que le travail de l’audiologiste et celui de l’audioprothésiste sont complémentaires et que ces deux professionnels travaillent en collaboration pour faire en sorte que le réglage de vos appareils soit optimal et que votre adaptation se déroule le mieux possible. Selon Mme Sicard, tant l’audioprothésiste que l’audiologiste devraient faire un suivi après l’appareillage afin de s’assurer que tout se passe bien, réviser les ajustements si cela s’avère opportun et de réévaluer les besoins en communication qui persistent.

Si les réglages effectués ne vous conviennent pas après un certain laps de temps, retournez voir votre audioprothésiste – comme il a déjà ajusté vos appareils, c’est lui qui demeure le mieux placé pour faire les réglages techniques. Les problèmes continuent par la suite ? Il vous faudra revoir votre audiologiste afin qu’il puisse réévaluer vos besoins auditifs globaux et, si nécessaire, vous proposer d’autres solutions. Notons que les centres de réadaptation en déficience auditive qui existent un peu partout au Québec peuvent également aider les personnes qui ont de la difficulté à s’adapter à leurs appareils ou à bien communiquer malgré leur utilisation.   

L’audiologiste (et l’audioprothésiste, dans une moindre mesure) peut aussi répondre à des besoins particuliers en suggérant certaines aides à l’audition. Ainsi, il peut proposer un système qui transforme les sons en signaux visuels – ce système peut être utilisé pour la sonnette de la porte d’entrée ou l’alarme incendie. Il peut aussi vous suggérer des ateliers d’apprentissage de lecture labiale et, dans certains cas, la pose d’un implant cochléaire. « Le rôle de l’audiologiste, c’est de faire en sorte que son patient soit le plus fonctionnel possible », explique Mme Sicard. Tant que nous n’avons pas solutionné chacun des problèmes, dans la mesure du possible, notre travail n’est pas terminé. »

À l’intention des proches aidants

Votre proche a un ou deux appareils auditifs depuis peu ? En adoptant certains comportements, vous pourrez l’aider à mieux s’y adapter. Voici quelques conseils simples à cet effet. 

• Pour discuter avec votre proche, assurez-vous d’être dans un environnement peu bruyant. 

• Assurez-vous qu’il vous regarde avant de lui parler. Au besoin, attirez son attention.

• Parlez-lui lentement. Ainsi, vous articulerez mieux.

• Vous n’êtes pas certain qu’il vous a bien compris ? Reformulez votre message en utilisant d’autres mots. S’il ne vous comprend pas, c’est peut-être qu’il est incapable d’entendre certains des sons que vous prononcez. En remplaçant certains mots par d’autres, vous augmenterez vos chances que votre message soit compris.

• N’hésitez pas à utiliser des objets pour vous faire comprendre. Par exemple, montrez vos clés lorsqu’il est temps de partir en voiture.  

• Proposez à votre proche de l’accompagner lors de ses rendez-vous avec son audiologiste et son audioprothésiste. Ce faisant, expliquez-lui que, s’il accepte, cela vous permettra de mieux comprendre ce qu’il vit, de mieux le soutenir et d’améliorer vos échanges.

• Informez-vous des enjeux en lien avec la surdité. Vous pourrez ainsi mieux comprendre ce qu’il vit et l’aider de manière plus efficace au quotidien.

Rédaction: Maryse Guénette

Révision interne: Équipe de rédaction de la Fondation AGES

Réviseurs scientifique: Isabelle Sicard, audiologiste

Révision linguistique: François Grenier